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L’avocat sous le feu de la critique : 5 problèmes avec ce « super-fuit »

Adulé d’abord et rejeté ensuite : le battage médiatique autour de l’avocat, considéré comme particulièrement sain, a récemment connu un tournant. Cet article vous montre ce que de nombreux experts reprochent à ce fruit latino-américain – et vous explique pourquoi la critique est néanmoins quelque peu hypocrite.

Avocat coupé en deux

Les avocats sont-ils vraiment si sains que ça ?

Tout d’abord, il convient de préciser comment le boom rapide de l’avocat a vu le jour. Après tout, la consommation d’avocats a augmenté de 65 % entre 2016 et 2018 en Europe.

C’est certainement dû au fait qu’un avocat tranché est très photogénique. Quel autre fruit peut se targuer d’être aussi présent sur Instagram ? Mais l’avocat a aussi de réels « super pouvoirs » : grâce à sa forte teneur en matières grasses, c’est une bombe calorique, mais il contient surtout des acides gras insaturés qui sont très sains. Source de protéines, il peut même stimuler le métabolisme et faciliter la perte de poids dans le cadre d’un régime pauvre en glucides. Il contient également de nombreuses vitamines, des acides aminés essentiels et des minéraux.

Femme qui tient un avocat coupé en deux avec le noyau

Malgré tout le scepticisme quant à la possibilité de « manger sain » par le biais d’un seul aliment, sans avoir à adapter tout son mode de vie et son alimentation, l’avocat a certainement mérité sa place sur le podium des super-aliments les plus populaires.

Cependant, les critiques de l’avocat ne viennent pas des nutritionnistes. Ce sont surtout des préoccupations écologiques et éthiques qui font que l’avocat est controversé aux yeux de certains :

1 ) Les grandes plantations

Afin de répondre à la demande accrue d’avocats, des zones de culture ont dû être créées. Au Mexique, qui est de loin le plus grand exportateur d’avocats, les organisations environnementales se plaignent du défrichement partiellement illégal des forêts. Non seulement l’habitat des grands animaux est détruit, mais de nombreux insectes sont également victimes de la monoculture. Les engrais pénètrent dans les eaux souterraines et contaminent l’eau potable.

4 scarabées dans les mains d'un homme

2) La consommation d’eau

Les avocatiers sont des plantes particulièrement assoiffées. Il faut environ 1 000 litres d’eau pour 1 kg d’avocats. Comparé à un kilogramme de pommes de terre, cela représente huit fois plus ! Cela devient un problème sérieux, surtout dans les zones de culture au climat chaud et aride : le niveau de la nappe phréatique baisse et la zone environnante devient désertique.

Robinet rouillé et toile d'araignée

3) Les résidus

La culture des avocats permet de se passer de pesticides. L’avocat se protège lui-même. Cependant, de mauvais systèmes de filtration pendant l’irrigation amènent parfois des résidus de polluants à se retrouver dans les fruits.

avocat écrasé

4) Le bilan carbone

L’avocat est en fait un fruit provenant des forêts tropicales chaudes et humides d’Amérique latine. Avant d’arriver en Europe, il doit parcourir de très longues distances de transport – généralement sur d’immenses navires frigorifiques qui rejettent d’énormes quantités de CO2 dans l’air.

Cargo frigorifique dégageant de la fumée

5) La mafia de l’avocat

Selon les experts, le marché lucratif de l’avocat dans le plus grand pays exportateur, le Mexique, est contrôlé par des gangs criminels. Les agriculteurs sont victimes de chantage, des petites villes entières sont terrorisées. Le cuisinier vedette irlandais JP MacMahon appelle donc déjà les avocats les « diamants de sang du Mexique ».

avocat dans la main

MAIS : pourquoi faut-il relativiser le dénigrement de l’avocat

L’avocat est-il donc un diable vert ? Tous les fans de guacamole soucieux de leur santé en Europe contribuent-ils à la déforestation en Amérique latine ? Pas tout à fait. Surtout lorsqu’il s’agit des accusations concernant la consommation d’eau et le bilan carbone, le dénigrement des avocats est encore plus malhonnête si l’on y regarde de plus près :

  • Par exemple, les comparaisons les plus fréquemment utilisées en matière de consommation d’eau sont faussées. Les avocats ne peuvent pas être comparés aux autres légumes domestiques. Si l’on compare avec d’autres fournisseurs de protéines et de graisses, le tableau change : alors qu’un kilogramme d’avocat nécessite 1 000 litres d’eau, les œufs en nécessitent 3 300 litres/kg, le beurre 5 000 litres/kg et la viande de bœuf jusqu’à 15 500 litres/kg.
  • Même constat pour le bilan carbone : non seulement les autres fruits tropicaux tels que les bananes, les ananas et autres proviennent de pays lointains, mais même les pommes sont importées en grande quantité de Nouvelle-Zélande. L’avocat est également moins problématique en termes d’émissions de CO2 que les œufs (quatre fois plus de CO2), la viande (seize fois plus de CO2) ou le beurre (vingt fois plus de CO2).
  • De plus, les avocats proviennent de plus en plus de régions relativement « proches » comme l’Espagne ou Israël. Les avocats mexicains sont exportés presque exclusivement vers les États-Unis ou l’Asie. Chaque acheteur peut voir d’où viennent les avocats dans le magasin et contribuer ainsi à éviter les longs trajets de transport en prenant ou en refusant la marchandise.
  • En ce qui concerne les dommages environnementaux lors de la culture, on peut également faire appel à la responsabilité des acheteurs : des normes élevées de consommation d’eau et de durabilité sont maintenues pour les produits biologiques. Et le marché suit le mouvement : en Afrique, le Kenya, où l’agriculture biologique est largement pratiquée, est déjà devenu le principal exportateur d’avocats. 
  • Dernier point : en ce qui concerne les résidus nocifs dans les avocats, ils sont généralement plus faibles que dans les autres fruits et légumes.

Avocats coupés en deux dans un plat

Conclusion : bien sûr, les fruits et légumes locaux sont toujours le meilleur choix d’un point de vue écologique. Toutefois, quiconque restreint sa consommation de produits d’origine animale tels que les œufs, le beurre et la viande et se tourne vers les avocats ne doit pas avoir mauvaise conscience. Si vous utilisez également des produits biologiques de qualité et provenant de pays pas trop éloignés, vous êtes doublement sur la bonne voie. Bon appétit ! 

Le constat est similaire concernant l’huile de palme.